2005-2007 / 8RPIMA

2005 2007

Chef de corps : Colonel Vincent GUIONIE

 

A mon arrivée au régiment et après un accueil des lieutenants « très chaleureux », le commandant en second m’annonce qu’en attendant que la SER revienne de mission, je prendrai en compte pour trois mois la compagnie de base arrière constituée des reliquats de toutes les unités déployées en Nouvelle-Calédonie. Rien appris là-dessus à Saint-Cyr et à l’école d’infanterie, mais on s’adaptera… En 1987, c’est la grande manœuvre « Keckerspatz ». La SER doit convoyer toute la rame régimentaire jusqu’en Allemagne, de nuit et en « silence radio » : jalonner, faire traverser les villes, doubler la rame à bord de jeeps Willys qui tremblent de toute part, re-jalonner, trouver à l’aveugle des emplacements pour les « pleins tactiques », dormir un peu, manger sur le pouce, prendre les ordres puis repartir ; à peine arrivé sur zone, mener les missions d’éclairage. La section est exténuée. Puis il faut ramener toute la rame sur Castres. Au bilan, 2 fois 8 jours d’arrêt pour avoir perdu temporairement une jeep sur un poste frontière et pour un accident, heureusement sans blessure grave : c’est comme ça qu’on apprend. C’est cette époque qui fit de moi un enfant du 8, sous la protection de mon fidèle adjoint, Alex Lefèvre à qui je dois tant. 

Après un temps d’adjoint à la 11e compagnie, j’ai l’honneur d’être à la tête des Requins de 1992 à 1994. Certainement la période la plus intense de toute ma carrière militaire. Prise de commandement au Cambodge (mythique), départ en Guépard pour la RCA suivi quelques mois plus tard d’une mission programmée de nouveau à Bangui avant d’être engagé à Sarajevo où je passe la main, sans oublier les « semaines ALAT », les camps divisionnaires, l’exercice « Colibri », le CEITO, une manœuvre en Ecosse après vol et largage tactique quelques jours à peine après être rentrés de RCA : choc thermique garanti ! Tout cela a pu être possible grâce à une équipe de commandement soudée : les adjoints Créquigne, Storaci, Sanz et même l’adjudant Casier qui fut bombardé un temps officier adjoint après avoir été adjudant d’unité, remplacé à ce poste par Simon secondé par Tiatia. Les chefs de section : du Chaxel, Duvivier, Bianchini, Fraticelli, Racine, Makozsa ainsi que les toubibs en opérations comme Drouin et Morgan. C’était une époque où les médecins partaient avec « leur régiment » et connaissaient les gars… Tout cela, sans un seul divorce dans la compagnie : ce fut une grande satisfaction. Nous le devons tous en grande partie à l’action de mon épouse, toujours sur la brèche. Merci Marie !  

Alors que je suis chef opérations au Kosovo, nous préparons une opération de fouille après une longue action de renseignement. Il nous faut les gendarmes mobiles pour boucler le secteur. Mon officier renseignement, Costes, me convainc de ne pas donner toutes les informations dont nous disposons. Il a raison : choux blanc sur le secteur d’intervention bouclé par les « mobiles », l’opération a dû être éventée par leurs « interprètes », mais fort heureusement, « bingo ! » sur le lieu dont nous n’avions pas parlé. Je retiendrai la leçon ! 

Après une rapide reconnaissance dans Kinshasa avec ma garde rapprochée dont mon fidèle conducteur, Gaby Ferrand et le PSO, Bougeois, je convaincs le Force commander, de lancer des patrouilles à pied dans les faubourgs misérables de la capitale congolaise qui cernent le PC de la Force européenne. Il faut rapidement se « donner de l’air » et sentir ce qui est en train de se tramer pour éviter de se faire submerger. La mission est sensible mais j’ai une totale confiance dans mes deux commandants d’unité : Prod’homme et Murat. Je garde en mémoire la tension palpable des gars lors de la préparation de la première patrouille. C’est aussi ce dernier moment à la tête du régiment : l’échange de regard avec les hommes sur les rangs, cette haie d’honneur qui vous amène au portail du quartier Fayolle pour le clap de fin. 

J’ai une pensée pour le 1CL Robert, mon conducteur à la SER, mort sur la route quelques jours avant la mission au Tchad, le 1CL Nion mort en stage aide-mécanicien à Bourges quelques semaines avant le départ pour Sarajevo et le 1CL Carbonnel, tué sur le poste du cimetière juif, quelques jours après que j’eus quitté la capitale bosniaque. Paix à leur âme et que Saint-Michel continue à veiller sur eux. 

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IL A ECRIT 

L'esprit du 8 L esprit du 8L esprit du 8 (61.96 Ko)

 

ADIEU AUX ARMES DU GENERAL DE CORPS D'ARMEE GUIONIE 

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