2009-2011 / 8RPIMA
Chef de corps : Colonel Philippe DU CHAXEL
COL Ph. du CHAXEL, CDS, CDU et CDC.
Le 8, je l’ai découvert à 8 ans puis à 10 ans, et c’est avec les yeux de ces âges-là que j’ai commencé à l’aimer.
J’y ai découvert un esprit familles : il y avait foule à Beaudecourt les dimanches où beaucoup de familles se retrouvaient pour déjeuner, les sportifs s’adonnant aux parties de tennis endiablées pendant que ces dames papotaient et que nous gambadions dans ce parc à la française qui me paraissait alors immense. Les dîners à la maison étaient fréquents et très animés.
J’y ai été confronté à l’esprit sportif : les clubs CSA nous permettaient de nous retrouver en semaine à Fayolle, où le service des sports animait nos séances de judo, ou à la Cibade pour apprendre le ski.
J’ai adoré l’esprit « commando » : nous allions souvent sur le Causse pour la promenade du dimanche, jouer aux soldats, chasser le champignon, ramasser les douilles, mimer le débarqué-assaut de la banane héritée de l’Algérie, ou assister de loin aux séances de saut.
J’y ai expérimenté les joies et peurs du parachutiste : lors des journées portes ouvertes, l’épreuve de la tour de saut sur le Lardaillé a marqué ma mémoire.
J’y ai mesuré l’extraordinaire esprit de discipline et de rigueur lors des défilés, où les paras martiaux et impressionnants défilaient au pas candencé en déclamant des chants qui racontaient leur histoire et affirmaient leur détermination à écrire encore des pages de gloire, en scandant « nous sommes des volontaires ».
J’ai senti l’appel de l’aventure quand le régiment est parti pour son premier Liban, le vide de l’absence au foyer et en même temps l’extraordinaire élan de cohésion de la base arrière.
J’ai ressenti la fierté à l’école d’être un des enfants « du 8ème », cher aux vrais Castrais qui lui faisaient fête à chaque cérémonie nationale.
Je m’imprégnais lors des rencontres avec les paras du 8 de leur gouaille, leur désinvolture affichée et leur décontraction qui masquaient mal la combattivité qu’on devinait dans leurs yeux et leurs gestes.
Quelle fierté et pourtant immense poids sur les épaules quand j’ai franchi quelques années plus tard à plusieurs reprises les grilles de Fayolle. Les infras n’avaient que peu évolué, malgré quelques exploits de débrouillardise qui masquaient les défauts, et on s’y sentait toujours bien, je m’y sentais toujours chez moi. Les Volontaires avaient conservé cet esprit si particulier qui imprégnait les murs et se transmettait de génération en génération. Les aventures y ont été belles, en Afrique ou au Cambodge ou dans les Balkans, avec toujours cette façon irremplaçable du 8 de remplir la mission, toute la mission, plus que la mission, avec une aisance et une capacité à séduire qui faisaient parler de lui au quatre coins du monde, et alimentaient un peu plus chaque fois la cohorte des jaloux.
Au final, c’est à Castres que j’aurai passé le plus temps, et j’y ai incontestablement vécu mes plus belles années d’enfant et de militaire. Castres « Debout », indissociable du 8 « Volontaire » depuis le retour d’Algérie, et marraine de son régiment, qui arpente ses rues, crapahute son Sidobre et son Causse, Castres cul-de-sac géographique inconnu du pékin moyen mais centre du monde pour tous les Volontaires !
Volontaire !