2013-2015 / 8RPIMA
Chef de corps : Colonel Vincent TASSEL
Le 8, le grand 8. Pour moi, qui suis « né » de l’autre côté de la montagne Noire, ce n’était qu’un vague cousin que l’on croisait lorsque nous allions au saut sur le Causse après une grosse heure de GBC ou de P4 et qui n’était pas aussi « carré » que le 3. Je n’y avais même jamais mis les pieds. J’y suis arrivé le lundi 30 juin 2008, le régiment était quasiment vide car les compagnies étaient déjà projetées en Kapisa ou en permissions avant projection. Pour autant c’était un peu le feu, c’était le lendemain de la fusillade de Carcassonne. Le chef de corps était déjà sur le théâtre afghan, le C2 avait autre chose à faire que de m’accueillir et le BOI était vide mais j’ai quand même réussi à croiser quelqu’un qui m’a dit « vous partez le 15 ». Comment, où, avec qui… ? Bref, je venais de découvrir une partie de l’ADN du 8. Quelques mois plus tard j’avais bien pris la marque de fabrique car j’annonçais facilement « tu pars en stage » sans donner plus d’éléments à l’intéressé, à lui de se débrouiller.
Pour celui qui ne connaît pas le 8, le 8ème comme on dit à Castres, il suffit de lire la description de son esprit qu’en a fait le général GUIONIE lorsqu’il était chef de corps. Je l’avais lu mais ça restait pour moi toujours un peu difficile à croire. Après 5 mois passés en Kapisa, j’avais compris pourquoi le régiment avait été choisi pour y être le premier engagé. De retour à Fayolle, moi qui n’y avait passé qu’une dizaine de jours, j’eus pourtant l’impression d’y être chez moi depuis toujours.
Je ne m’attarderai pas sur le professionnalisme et le courage des officiers, sous-officiers et marsouins parachutiste du régiment. Je l’ai vu quatre fois en opération et le sacrifice de plusieurs d’entre eux en atteste. Ce que j’ai le plus apprécié pendant mes années au régiment, c’est cette débrouillardise, cette capacité à toujours aller de l’avant, cette décontraction qui en fait ne cache qu’une grande rigueur dans la préparation et la conduite des missions.
Certes, commander au 8 n’est pas toujours facile pour un chef et il faut être confiant et serein, parce qu’au 8 on est en tenue uniforme disons…individuellement. Parce qu’alors même que la voiture du CEMAT pointe son nez, les tireuses à bière tournent déjà à plein pot ce qui n’empêche pas, 30 secondes plus tard, d’avoir le régiment rassemblé. Parce qu’il est difficile d’imaginer comment les compagnies partirons à l’heure pour Caylus lundi matin alors qu’il n’y a aucun véhicule d’aligné dans les allées le dimanche à 18 heures. Enfin, parce que la fougue de la jeunesse amène parfois à quelques débordements mais ça c’est aussi la vie des paras.
Si je devais résumer, un honneur, un bonheur et une grande fierté d’y avoir commandé. Alors, ne changez pas.