UN PARACHUTISTE DU 8 EN ALGERIE
Jean BEN AMOR BP82227 (14/08/1953) toujours «L’Esprit Para »chevillé au corps.
1948 - Préparation militaire Para à Paris, Formation Antoine de St Exupéry .
1953 - Appelé à Guingamp à la 1ere Demi-Brigade Coloniale de Commandos Parachutistes , sous le commandement du Lieutenant-Colonel Langlais, puis du Lieutenant-Colonel Fritch , après les classes direction Vannes , puis camp de Meucon , ou là je côtoie les anciens de la 2eme guerre mondiale, et ceux de la guerre d’ Indochine, avec leurs exploits de guerre, mais aussi leurs frasques en Bretagne , par exemple l’attaque du Paris-Quimper,avec des grenades au plâtre (la SCNF avait menacé de ne plus accepté de béret rouge sur la ligne), passons aussi sur les visites assez régulieres des gendarmes de Vannes, pour des bagarres , ou des vols de vélo (pour remonter de Vannes à Meucon). Ne parlons pas non plus de nos beuveries chez « La mère casse bites ».
Je ne me souviens plus avec précision à quelle date nous avons quitté Meucon pour Bayonne .
14 Juillet 1954 Champs-Elysées J’ai eu le grand honneur et l’immense privilège de défiler avec « Eux »,sous les ordres du Lieutenant-Colonel Fourcade. Il est de coutume qu’après le défilé, nous ayons une perm, que néni , de peur, qu’à cause, des événements du Maroc et les prémices de ceux d’Algérie nous créions des problèmes (avec qui vous savez) les Paras et les Légionnaires ont était priés de regagner leurs bases.
1956 – 05 mai Je suis rappelé pour la guerre d’Algérie et rejoins le 8 RPC du Lieutenant-Colonel Fourcade à la Caserne Bosquet de Mont-deMarsan, saut (pour la solde de l’air) et entrainement pour les pitons à Sarre.
Je suis affecté à la 3eme Cie 2eme section, tireur FM (ce bon vieux 24/29) du Capitane Decours ,et suis libéré le 31/12/1956.
Le plan Valmy
En application du plan Valmy, le 8 éme RPC a rejoint l’ Algérie, débarqué à Mers el Kébir le 16 juin 1956 et réembarqué à Oran le 23 Novembre 1956.
Pendant l’exécution de ce plan, nous avons effectués des «missions pompiers», c'est-à-dire que l’on nous envoyait sans délai dans tous les endroits (voir les cartes) ou était signalée une activité ou des mouvements rebelles.
Crapahutage dans les oueds à sec, franchissement des ravins, fouilles des mechtas, des grottes, exploration d’amoncellements de rochers. Nous avons trébuchés dans la caillasse, à chaque coin de piste, derrière chaque dunes, au détour de chaque pitons les « fells » pouvaient nous attendre. La preuve nous avons perdus 4 frères d’armes le Slt Jacques ANTOINE ( un comble le 14 juillet ) le Sch VALETTE et le Cch Louis LAMONTAGNE, (tous deux au col des 2 Bassins) et le para, Moise VINCE ( nous étions ensemble à Meucon en 1954).Nous n’avions pas comme aujourd’hui de drone, pour ouvrir la route, mais deux voltigeurs de pointe.
Au cours de nos nombreuses opérations, on grimpe, on descend, il fait très chaud, on à soif, les nuits sont froides. La fatigue est devenue une habitude, les lèvres desséchées, les membres rompus, la sueur coulant dans notre bouche, la courroie du sac nous sciant les épaules. Ce satané bout de tissu blanc à l’épaule, qui était à double tranchant, car s’il était très utile, pour se reconnaître entres amis, il permettait aux fells de nous identifiés.
Pendant de nombreux jours, on escorte, on ratisse, on converge, on encercle, on accroche, les panoramas sont aussi somptueux que variés. Parfois durant certains accrochages on entend au dessus de nos têtes le feulement caractéristique des obus, et parfois aussi le bruit des douilles vides et chaudes des balles de mitrailleuse tirées par les avions T6 venus nous épauler.
Il y avait aussi le bruit très reconnaissable du Stati fusil italien qu’affectionnaient les fells . Certaines nuits feux d’artifice, tir de Lucioles (fusée éclairante).
Pour ma part j’ai participé, à une opération héliportée à la mi-août au sud de Guentis dans les Nementcha, ainsi qu’une reconnaissance au-dessus de Chréa, au sud de Blida le 26 juin. Le reste du temps, c’était des déplacements en train, en camion, mais le plus souvent pédibus jambus, car même pour les blessés rarement des hélicos.
Voici quelques anecdotes qui me reviennent en mémoire.
L’intendance, de temps en temps nous donnait par erreur, des rations musulmanes, donc pas de papier cul et du thé à la menthe à la place de notre sacro- saint kawa (que nous faisions parfois avec l’eau tombée la nuit sur la bâche des camions). Nous avons aussi eu droit en opè à une bière tiède pour deux et des concombres ! on croit rêver !...
Ce gus surgissant devant nous comme un diable, au risque de ce faire allumer et demandant avec un fort accent teuton (un légionnaire) : C’est vous le « baras » de la «légionne »?.. et nous bien sûr en imitant son accent , non mon pote c’est « bas » nous les « baras » de la légionne. Quand il a retrouvé son unité, il a du entendre parler du pays !.....
Le Lt Colonel FOURCADE portant la plaque de mortier d’un gus épuisé.
Toujours en opé, le matin à la fraiche, en nous chauffant autour d’un feu, buvant le kawa accompagné de sardines à l’huile, un cri d’alarme « grenaaade », tout le monde à plat ventre, comme le pschiiiit durait un peu trop longtemps, nous nous sommes relevés les uns après les autres, un gus n’avait rien trouvé de mieux, que de balancer sa boite de singe dans le feu.
Après de fortes pluies , nous crapahutions dans un oued à sec, nous étions accompagnés de muletiers musulmans qui eux étaient sur le haut, ils criérent fissa, fissa, nous faisant signe de remonter, ils nous ont sauvés l’eau est arrivée à une hauteur et vitesse incroyable.
Nous marchions sur terrain plat et en ligne, le radio de la Cie l’a fait gueulée , pour nous faire entendre « Etranger au paradis » le tub du moment chanté par Gloria Lasso.
A la base arrière, après une visite médicale, ce même radio, courant avec une grenade offensive après un gus qui l’avait traité de tubard et criant : tu vas voir il va te faire courir le tubard, ils se reconnaîtront.
Fin octobre nous étions en alerte, compte tenu des événements au canal de Suez, finalement ce sont le 3 et le 6 RPC qui sont partis.
Le 23 novembre le 8 embarque à Bône, sur le Président de Cazales, contents d’être libérables, mais triste de quitter les frères d’armes : les Sgt Labourdette et Mohalic, le Cch Stanley, les paras Collin (décédé le 26 juin 1994) Gasse, Decker, Néron, Fagios, Blangeot ? Kross, Livrozet, Larêpe, Gautey, Going, Duclos, Villefranche, et tant d’autre dont le nom m’échappe.
De nombreuses années sont passées, mais fier d’être para et d’avoir servi sous les ordres de chefs tels que le Lcl FOURCADE, le Cne DECOURS, le Slt CORDONNIER et le sch BERT.
Caporal Jean BEN AMOR dit Ben
8 éme RPC 3éme Cie 2éme section
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Merci à notre parachutiste du 8 pour ses photos et texte
Bientôt Nonagénaire 03/09/1932
Depuis 2009 , j’habite un charmant village à 19 km de La Rochelle, Andilly les Marais 2235 habitants. Je participe à toutes les commémorations (sauf 19mars 1962)au Monument aux Morts d’Andilly, et parfois ensuite avec le porte-drapeau à ceux d’autre villages d’alentour.
Comme je tiens à narguer la vieillesse, je marche une moyenne de 100 km par mois, je fais des tractions et des pompes ( cela me rappelle le bon vieux temps ou au stage de saut, lorsque que nous faisions des conneries, le moniteur nous en faisait faire un paquet, en criant à haute et intelligible voix « On est des cons, et le moniteur est un Lion » .
Au village, 2 fois par semaine, Gym et Zumba je suis le seul rombier au milieu de 85 nanas.
Para un jour Para toujours.
Jean BEN AMOR ( dit BEN au 1ER et au 8 )
Commentaires
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- 1. Ben amor Le 05/07/2022
Merciiiii
Très belle hommage à ton parcours sans faute .
Un exemple pour les autres.
Félicitations
Gros bisous -
- 2. AMALVIT Le 13/03/2019
Une belle page d'histoire du 8 -
- 3. BEN AMOR DANIEL Le 11/03/2019
Merci
A mon grand frère !
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