Quand le Para du 8 se fait poète
Ce poème fût écrit il y a quelques dizaines d’années par notre "para du 8" Jean-Claude JOLLY ancien de La compagnie Portée du 8 en Algérie qui voulait retracer en quelques mots cette « ambiance » particulière de cette époque « des paras des djebels » sans mettre quiconque en avant mais en essayant d’oublier personne et en souhaitant que chacun puisse se reconnaître à travers ces quelques lignes .
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Paras du djebel
Souvenez-vous, de……
Ceux qui avaient vingt ans, visages rayonnants
Et qui face aux dangers jamais se dérobaient
Ceux qui parlaient sans cesse, tout en crapahutant
Qui suaient, peinaient, râlaient, mais toujours avançaient
Ceux qui silencieux épiaient les ombres de la nuit
Qui ivres de fatigue gardaient les yeux bien ronds
Les oreilles agrandies captant le moindre bruit
Ceux qui sans hésiter partageaient leur bidon
Et qui soignaient, pansaient et retenaient la vie
Et dans le Nord-2000 au ’’Debout- Accrochez’’
Ceux qui fixaient le vide en attendant le GO !
Ceux qui marchaient, boueux, dégoulinants de pluie
Et ceux qui lourdement chargés sautaient des hélicos
Dans le bruit infernal des pales tournoyantes
Courant dans la poussière et dans les fumigènes
Ceux qui au crépuscule posaient des embuscades
Ecoutant les ténèbres le cœur tambourinant
Revenant à l’aurore retrouver leur duvet
Ceux dont les épaules gravées par l’AA 52
La poitrine et la taille bardées de bandes FM
Marchaient toujours d’un pas qui se voulait allègre
Qui malgré la fatigue aidaient les défaillants
Et qui rêvaient aux filles tout en pensant aux fells
Ceux qui voyaient leur sang couler séché par le soleil
Et tout ceux dont les rangers usées dans les djebels
Par tant de chasses et poursuites aux rebelles
Trempés de sueur blanche due aux cachets de sel
Grimpant dans les rochers aveuglants de soleil
Ceux qui au fond des oueds desséchés et pierreux
Suffocants de chaleur et le gosier en feu
Et qui en file indienne rentraient de longues traques
Rêvant tout éveillés d’un bon demi bien frais
Qui dans les forêts sombres tout les sens en éveil
Traquaient l’ombre inquiétante ou bien le bruit suspect
Ceux qui courbés en deux couraient sous les rafales
Priant chacun son dieu pour éviter les balles
Ceux qui ne pensaient pas qu’on puisse un jour mourir
Et ceux qui sont tombés au détour d’une piste
Capitaines de légende ou bien jeunes officiers
Sergents- Chef aguerris, paras des compagnies
Radios, voltigeurs, mitrailleurs, pourvoyeurs
Casquettes sur la tête et tenues camouflées
Ou bien tenue de ville, et coiffés du béret
Peu importe l’habit ainsi que les galons
Servant avec ardeur vous étiez un des leurs
Vous reconnaîtrez vous parmi ces hommes-là ?
Les années ont passées depuis ces grands moments
Les souvenirs intacts et la mémoire aidant
Vous n’aurez aucun mal à remonter le temps
Pensant avec fierté, c’est vrai,
j’étais un de Ceux-là
Fiers paras des Aurès, où êtes –vous maintenant
Actifs ou retraités, peut-être grands-parents
A moins qu’une insidieuse et traître maladie
Ait eue raison de vous depuis ces décennies
Mais n’ayez rien à craindre de la Colère Divine
St Michel connaît bien ses Paras de Marine
Car l’âme des Anciens comme chacun le sait
Entre Honneur et Valeur jamais ne disparaît
Caporal JOLLY Jean-Claude
8e RPIMa. Compagnie Portée
Algérie 1960-1961
Commentaires
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- 1. Gury Le 27/05/2022
Merci pour ces mots magnifiques
Papa vient de nous quitter , ses obsèques auront lieu lundi à Bertry dans le Nord . Je ne sais pas s’il appartenait à ce regiment mais il fut envoyé le 1 Nov 1954 , episode appelé Toussaint rouge , il faisait son service militaire à Pau quand il a été envoyé sur place , le sang à peine séché d’un couple d’instituteurs fauché par une rafale . Nous sommes cinq enfants à le pleurer aujourd’hui. Il commémorait les cérémonies militaires de Bertry où il est né. Sur la page Facebook du village j’ai mis sa photo . Papa , comme beaucoup d’anciens, ne racontait que peu ces ´événements d’Algerie ´ . Il a toujours été fier de son béret rouge et de son appartenance à ce corps d’armée.
Si vous avez des photos ou l’avez connu , dites à ses camarades de combat, ses frères d’armes, que Daniel Gury a rejoint St Michel
Cordialement
Laurent Gury (gury.laurent@gmail.com) -
- 2. Paul Landelle Le 29/10/2021
Bonjour Jean Claude,
Je ne te connaissais pas ce talent !
Ca dépeint tout à fait notre état d'esprit et nos attitudes de l'époque mais que nous avons gardés tout au long de l'existence.
Mille mercis pour ce poème.
Paul Landelle
Caporal 8ème RPIMA Compagnie d'Appui.... Capitaine Javelaud.. -
- 3. Masson Le 01/06/2019
Non pas Serge Péot ... mais Gérard je ne devrai pas oublié il était notre sergent chef de groupe ....mille excuses . -
- 4. Maurice MASSON Le 31/05/2019
Oui je me reconnais dans ce magnifique et très réaliste poème … j'aurai aimé vous connaitre , nous nous sommes très certainement côtoyez sans meme nous parler , mais n'avions nous pas un ami en commun ? Serge Péot ??? qui lui malheureusement a pris la piste sans fin guidé par St Michel . -
- 5. DENIS Le 14/03/2019
"Peu importe l'habit, ainsi que les galons"...
Magnifique texte de Jean-Claude Jolly, un bel "ancien" du 8°.
Ses mots dessinent la magie du beau service des armes ; et la douleur de ses difficultés.
Respect à tous ceux qui "servent avec ardeur", dans leurs vies d'hier comme à présent.
Ils sont aussi notre honneur. -
- 6. AMALVIT Le 13/03/2019
BRAVO pour ce poème qui pourrait être toujours d'actualité avec notre jeune génération sous d'autre cieux et opérations le para reste toujours un para surtout au 8 .Merci Jean daniel pour ton remarquable site et de nous faire partager l'histoire de nos Anciens du 8 et de nos jeunes d'active . VIVE LES VOLONTAIRES -
- 7. ZAJDERMAN Le 13/03/2019
Superbe,
Ancien du 3° et du 8°. -
- 8. Van-peteghem Le 12/03/2019
C'est très beau et très émouvant. Un grand respect à ces soldats
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